Les mathématiques, c'est une matière que j'aime généralement. Généralement. Sauf que là, c'était tout le contraire. Franchement, quand on y pense, ça va nous servir à quoi les équations linéaires et tout ce patacaisse dans la vie ? Genre, tu vas faire une belle frise pour passer une embauche en tant que caissière ? C'est vraiment du n'importe quoi. Je ne dis pas que c'est difficile. Pour moi, c'est simple en fait mais ça me saoule de faire ces conneries là alors que je pourrais être tranquillement dans mon lit ou encore, dans un endroit glauque pour prendre des photos. J'aime les endroits glauques. A Mystic Falls, il y en pleins à ce qu'il paraît. Seulement, je ne sais pas où ils se trouvent. Pourtant, je suis ici depuis un petit moment. Toujours est-il que je termine rapidement mon travail avant de passer à l'allemand. Oui, j'ai choisi l'allemand en seconde langue parce que j'aimerais bien visiter ce pays un jour. Pourquoi pas y rester après ? C'est une option à ne pas éloigner.

Je range mon bazar mathématique et bois un peu de ma boisson chaude qui n'est plus chaude mais, tiède. Je n'aime pas quand c'est trop chaud. En fait, quand j'y réfléchis, je n'aime pas grand chose ici. Il y a des choses intéressantes mais bon, il y a mieux ailleurs. Hollywood, ça c'est une chose que j'aime. Puis aussi Beverly Hills avec toutes ces boutiques de luxe. On se sent riche quand on y rentre. Quand on en sort, on se trouve bien pathétique, effectivement. Mais, essayer des vêtements, et en voler certains, n'est pas quelque chose de bien important. Voler, c'est mal. J'ai pourtant les moyens financiers nécessaires mais, j'aime voler, c'est très amusant.

Alors que j'entame mon second paragraphe d'expression écrite allemande, une voix me sort de mon 'studiosité'. Je redresse la tête et fixe celui qui se trouve devant moi, en haussant un sourcil. Il n'est pas un peu vieux pour être au lycée ?

- Bon matin beauté. T'es toute seule ?
- Effectivement, oui, je suis seule. Je pense que ça se voit non ?

Je lui souris puis termine rapidement mon texte avant de ranger mes affaires. J'ai attiré l'attention d'un homme, c'est déjà ça.

- Oui ça se voit évidemment, mais... pourquoi tu es seule ? Je... vois rarement des filles... seules à une table dans ce lycée. D'habitude, elles se trainent en groupes ou à deux, mais jamais seule.
- Je ne suis pas ce genre de fille. J'aime ma tranquillité même si je sais que je pourrais avoir une horde de boniches à mes pieds.

Oui, j'attirais le regard des autres filles mais je me voyais dans l'obligation de leur dire la vérité. Je n'aime pas avoir des gens qui me colle le train pour se sentir plus fort ou plus important. Je n'ai pas besoin de ça qui plus est. Vous savez, je ne suis pas du genre prétentieuse mais parfois, je passe pour telle et ça plait aux autres. Il y a donc des gens bien plus bizarres que moi ici. Comme par exemple, le gars qui s'est planté devant ma face pour taper un brin de causette. Il a un petit air mystérieux plaisant et, il faut l'avouer, il a une belle gueule d'ange. Bien que selon mon sixième sens, il n'est pas très net. Il a un truc qui me dit de me méfier de ses beaux yeux bleus alors, étant seule, je préfère m'en tenir aux banalités et je ne m'avance pas dans un autre sens, ce serait mal avisé.

Je le fixe tout comme il me fixe. On dirait qu'il essaye d'entrer dans ma tête. Seulement, je ne vais pas le laisser faire. Je préfère garder mes affaires personnelles pour moi plutôt que quelqu'un me lise comme on lirait un roman dramatique. Oui, bon, ma vie n'est pas réellement dramatique mais bon, elle n'est pas rose non-plus. Il y a des nuances de gris clair puis de gris foncé, et parfois, c'est d'un noir d'encre.

- A qui ai-je l'honneur de parler ?

Soyons polis que Diable ! En parlant de Diable, ne serait-il pas devant moi actuellement ? J'ai une drôle de sensation au creux du ventre, et quelques frissons dérangeants mon échines. Je prends mon verre et bois encore de mon Cappuccino, comme si de rien n'était. Après tout, je suis douée pour cacher les choses.

- Je suis Damon... Damon Salvatore et je suis pas de ce Lycée, j'aime juste y trainer pour faire de nouvelles connaissances.

Et bien voilà qui prouve que j'avais raison. Au début, je ne croyais pas réellement que des choses ou des créatures surnaturelles étaient ici. Seulement, en lisant de très vieux livres, j'avais vu son nom quelque part et l'histoire qui était en-dessous, ne présageait rien de bon. Damon Salvatore. Si je me souviens bien de ma lecture, il a un frère, plus jeune, nommé Stefan et il s'avère que ce sont des buveurs de sang. Je me souviens m'être procurée un collier particulier pour les éloigner. A l'évidence, il n'avait encore rien vu. Pourtant, le dit collier pendait à mon cou naturellement. Je souris plutôt fière de moi. Maintenant, je fais quoi ? Je pars en courant ou je continue de lui causer sans lui montrer que je sais ? Je pense que je vais continuer la conversation, il semble tout aussi à cran que l'est un loup affamé. Je n'aimerais pas lui servir de déjeuner. Tout du moins, je n'aimerais pas qu'il m'oblige à faire ce qu'il veut, mais soit, je ne risque rien temps que je porte mon collier.

- Je ne suis pas réellement sociable comme tu as pu le remarquer mais, t'as une belle gueule alors je veux bien causer chiffons avec toi.

Il semble surpris de mon parler. Pourtant, je suis simplement honnête avec lui, rien de plus. Je pose mes coudes sur la table et mon menton sur mes mains. Il en a envie, ça se sent. Sauf que je ne suis si facilement influençable. Il lui faudra faire preuve de tact et aussi de gentillesse. Sans parler que je veux autre chose en échange.

- Et toi, tu es qui ? Ta beauté doit avoir un magnifique prénom qui va avec ? Je me trompe ?
- Ca dépend des avis des uns et des autres. Personnellement, je trouve mon prénom simplement original. Je m'appelle Eternity. Eternity Dufresne. Enchântée de faire ta connaissance Damon Salvatore.

Je lui souris et lui tends ma main pour serrer la sienne. On va éviter trop de familiarité, il pourrait croire que l'affaire est dans la poche, c'est hors de question.

- Tu sais, tu devrais pas trainer seule, jamais. Il peut y avoir toutes sortes de violeur et de mecs embêtants dans cette ville. Tu sais au moins te défendre ?
- Je suis ceinture marron de self-défense donc, je peux me défendre oui. Surtout que je sais où taper.

A l'évidence, il me voulait comme casse-croûte. Dommage pour lui, je ne suis pas la fille qui lui faut. Je termine enfin mon Cappuccino et en commande un autre. Je ne sais pas combien de temps il va tenir avant de s'énerver mais je serais là pour le calmer si il dérape. Je ne suis pas pour le conflit mais si il faut y aller, j'irais. Je lui souris, espiègle. J'aime rendre chêvre les hommes et encore plus les vampires. Je peux dire que dans un sens, je suis maîtresse de la situation.

- On dirait que tu vas tomber dans les pommes.. Tu veux que j'appelle les secours ?

Non, je ne me moque pas. Il faudrait pas qu'il nous fasse un vrai malaise. Vous savez, parfois on dit de moi que je suis méchante et désagréable mais, dans le fond, personne ne me connait vraiment. Pourquoi ? Simplement parce que je n'aime pas me dévoiler. Alors oui, je m'inquiète pour un vampire mais c'est parce que je sais que je suis responsable de son mal-être. Je regarde autour de nous et, contre toute attente, je sors de mon sac une petite boîte et un verre de plastique.

- Je sais ce que tu es Damon. Et je sais aussi que tu es très en manque à ce moment précis. Je veux bien te venir en aide pour cette fois-ci.

Je sors une lame éguisée de l'écrin et fait une belle entaille dans mon poignet, versant le sang dans le verre. Je sais ce que je fais et puis, je peux me le permettre. Je lui donne le verre, vérifiant de nouveau que nous sommes seuls dans notre coin.

- Profite, je suis dans mon jour de bonne humeur.

Je range le tout et porte à mes lèvres mon poignet, afin de faire cesser les saignements abondants avant de me mettre un pansement.

- Tu me prends pour un idiot ? Je suis sur qu'il y a de la verveine dans ton sang et aussi dans ce pendentif !

Je le regarde partir sans le rejoindre. Il n'en veut pas ? Et bien tant pis. Je récupère le verre et le bois. Oui, je récupère ce que j'ai gentiment proposé. Je reprends mes cours et remets mon casque. Je bois de mon Cappuccino comme si de rien n'était. Je ne vais pas lui faire le plaisir de le suivre comme un petit chien. Je ne suis pas ce genre de fille. Il a râté sa chance, il n'y en aura plus aucune.

Je regarde mon agenda et remarque que j'ai du boulot en retard. Certes, nous avons plus d'un mois pour terminer notre dossier, le mien fait déjà deux cents pages et j'ai presque fini mon dernier chapitre. Encore cinq pages et ce sera bon, je pourrais passer à la conclusion. La cafétéria commence à se remplir et déjà, je me sens mal entre ses murs. Je range finalement mes affaires et sors. Le soleil réchauffe ma peau d'un seul coup et, au loin j'aperçois Damon. Il est assis et semble attendre quelque chose. Seulement, je n'irais pas le voir. Il n'a pas voulu de mon cadeau, il n'aura plus aucune attention de ma part. Oui, je suis méchante à présent mais je n'aime pas quand on me prends de haut et encore moins quand on me soupçonne de vouloir nuire. A présent, c'est chacun pour soi.

Je me dirige d'un pas léger vers ma prochaine salle de cours. J'espère seulement que les autres ne vont pas encore baver d'envie et de désir devant moi. C'est juste lassant et dérangeant, surtout que je ne fais rien pour qu'on agisse comme ça avec moi. Advienne que pourra comme on dit.